Voila maintenant trois longues heures que mes membres d’équidé parcourent la cité de la joie à vive allure. Mes beaux poils argentés étaient salis de terre, de goudron et d’autres insanités que je ne pouvais décrire. C’est qu’on trouve de tout dans cette ville !
J’avais également des marques sur tout le corps. Des coups de toutes sortes, fouet, matraque, cordes...De tout, absolument tout ce qui pouvait faire souffrir quelqu’un, surtout un animal.
Etrangement, mes longs cheveux argent, correspondant à ma crinière de cheval, étaient magnifiquement bien brossés et il était impossible d’y trouver un nœud. Peut être étais-ce parce que c’était le seul endroit épargné de toute mon anatomie ?
Bref, vous l’avez sans doutes compris, je venais de m’échapper du pets shop...Je ne voulais pas rester plus longtemps la bas, cela m’aurait tué. J’avais donc pris le risque de m’échapper pour ne pas avoir à subir toute une existence de servitude. Cela si l’on ne me rattrapait pas bien sur. Et comme je savais que le pets shop aimait beaucoup son cheval au poil rare...Ca n’allait probablement pas tarder.
A force de courir, on ne regarde plus ou l’on va. Finalement, j’avais atterris dans un lieu peu commode et à l’odeur absolument répugnante. Entouré de détritus en tout genre et de quelques cadavres en décompositions, auxquels des mouches, asticots et insectes nécrophages s’étaient agglutinés, la plupart du temps sur des plaies dues à des balles ou des couteaux...J’errais la...Me salissant mes sabots lustrés de noir. Parfois je me demandais, en cessant de galoper :
-Mais où est ce que je suis tombé ?
J’entamais alors un pas long et fluide. Mes sabots se mêlaient à la terre afin d’éviter que je me fasse trop entendre. Magnifique, il commençait à pleuvoir...Je fis une tête anéantie et continuais de marcher. Inutile de s’arrêter, dans cette ville, le premier qui te trouve en voie de faiblesse t’égorge tout de suite...Ou cherche à te revendre si tu es dans une situation similaire à la mienne...