Perséphone rentra précipitamment dans sa maison et barra la porte en vitesse. Elle n’y était pas tout à fait en sécurité, mais ça pourrait aller...pour l’instant. Son souffle était lourd et irrégulier, elle venait de courir une distance considérable. Toute tremblante la jeune femme, restait derrière la porte, fermant les yeux. Elle tentait de calmer son souffle et ses tremblements pour avoir les idées claires. En plus son coeur battait la chamade.
Elle retint un juron, mais pesta contre cette cité de malheur qui ne lui avait jamais porté de bienfaits. Elle porta un regard à son appartement, les murs, auparavant blancs, étaient noirs de saletés et de suies, et le plancher n’était guère mieux. Elle devait se compter chanceuse de n’avoir jamais eu d’échardes... L’appartement était petit, ne comportant que trois salles. Une salle de bain, une chambre et une cuisine. Ce qui était très peu comparé au manoir de luxe qui comportait, entre autre, 4 salles de bains et cinq chambres. Pour l’instant Perséphone devrait s’en contenter.
La première fois qu’elle y était entré, elle avait du se retenir de crier en voyant quelques blattes, ce qui ajoutait au décor délabré de l’appartement. C’était quand même mieux que la rue... * Dès que j’aurai assez d’argent, je m’achèterai une maison en meilleure état.* Dès qu’elle formula cette pensée, elle éclata d'un rire triste; ce n’était pas son métier de prostituée qui l’aiderait à économiser de l’argent. Son rire cessa alors lorsqu’elle repensa à sa soirée.
Elle revenait de ses courses, quand un homme l’avait saisi et avait placé son couteau sous sa gorge. Lentement, il l’avait entraîné dans une ruelle. Il comptait la violée... Mais Perséphone s’était habituée à ses attaques, et lorsque l’homme la lâcha doucement en voulant la jeter sur le sol, la jeune femme en avait profité pour le frapper au visage avant de partir en courant, le plus vite possible vers un lieu sûr. Cette soirée-là, elle avait réussie à s’échapper, par contre ce n’était pas souvent le cas. Elle en trembla de nouveau.
Elle constata alors avoir laissé ses provisions dans la ruelle. Cette nourriture serait perdue à jamais. Son ventre ce mit alors à gronder de famine, Perséphone soupira. Elle devrait se remettre à voler, sous peine de mourir de faim, ou pire... se donner de nouveau à un homme, ou une femme. Perséphone n’aimait pas agir contre ses principes, mais dans la cité le mot « principe » n’avait aucune signification, le mot « justice », encore moins.
C’est alors qu’on cogna à sa porte, la jeune femme retint un hurlement de terreur. Elle réussit à se contenir et regarda discrètement par la fenêtre, pour voir de qui il s’agissait. Il n’y avait personne. Intriguée, Perséphone ouvrit sa porte, tout lentement, et vit un mot devant sa porte. Elle lut avec difficultés les mots inscrits:
Venez me voir, à minuit, au Love Hotel. Chambre 216.
Puis, plus aucun mot. Était-ce une bénédiction, ou une malédiction? Certes, elle aurait de l’argent et n’aurait pas à voler, mais vendre son corps était-il mieux ?
Elle ne pensa même pas au fait qu’il puisse s’agir d’un piège, et ne se questionna pas sur le fait qu'on connaisse son adresse. L’hôtel se situait dans le Yellow High Way, l’homme (s'il s'agissait d'un homme) avait donc sûrement de l’argent! En ne pensant qu’à un repas, Perséphone se prépara à passer de nouveau une affreuse nuit, mais qui serait probablement payante.